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2008 | Dimanche 8 juin | La Fontaine, Normandie

Dormir dans une cabane, voilà bien une expérience qui éveille l'imagination. Je me suis plu à me rêver en ermite dans une cabane flottant au milieu d'un lac de montagne, la cabane devenant la caisse de raisonnance du monde et de soi-même. Il y aurait un matelas à même le sol avec une couverture, une table pour écrire, avec un tiroir pour le papier et le stylo, une chaise, une lampe à huile. Un poêle à bois. Dans un coin, une malle pour des habits, des réserves, des ustensiles, une boite de toilette. Deux livres : Pan de Hamsun, La mer de Kellermann. Sur le balcon, dehors, une canne à pêche et, arrimée, une barque avec deux rames.

Tous les matins, se sentir vide, boire un café, chercher du bois, pêcher, marcher, chasser.
Tous les midis, boire un thé, piquer une tête, prendre le soleil, se sentir vivre.
Tous les après-midis, écrire, penser, dessiner, méditer, se sentir plein, écouter les sons.
Tous les soirs, faire un feu, se sentir grand, manger, chanter, lire, réciter.
Et toutes les nuits, regarder les étoiles, pisser dans l'eau, se sentir petit, rêver, dormir.
Tous les mois, descendre au village, se sentir joyeux, acheter un journal, parler, téléphoner, envoyer des lettres, aimer.
Tous les ans, renouveler son calendrier.

Pendant des années.

Et puis, un jour, revenir comme on sort doucement d'un songe et regarder le monde...