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regards portés dans le vide

Je suis assis sur un banc dans un parc public.

J'ai sur les genoux mon carnet,
dont toutes les pages sont blanches,
ouvert à l'une des premières pages
et à la main un stylo
dont le réservoir d'encre noire est encore plein.

Je n'écris jamais rien sur ce carnet,
chaque fois que je veux écrire,
je me retrouve, le regard perdu, fixant obstinément une aire gravillonnée.
S'il y a une fontaine je m'aperçois que je ne l'entends plus.
S'il y a du vent je ne le sens plus.

Voilà ce que je fais :
je fabrique des objets comme si je regardais dans le vide.
Une sorte de parenthèse,
comme une pause dans l'humanité,
une vanité.