J'entreprends ici deux choses :
La première est de rendre compte de ce qui se fait dans mon atelier, dans ma tête ; rendre compte de cette chose dynamique qui évolue et que l'on appelle le travail.
Le travail c'est comme la grosse mouche bleue qui vole bruyamment dans ma chambre et se pose parfois sur le plafond, le mur, elle me réveille chaque matin en bourdonnant, mais parfois on ne la voit plus pendant plusieurs jours. Et quand elle commence à me manquer elle réapparaît, généralement un matin de bonne heure.
La seconde est d'établir ce qui a été fait. Pour retrouver la route en cas d'égarement ou découvrir de nouvelles voies d'exploration. C'est ce que j'appelle une cartographie.
Cette cartographie est semblable à la petite araignée grise cachée dans un coin de ma chambre, elle est immobile mais change régulièrement de place, soit parce que je la chasse, soit par sa propre volonté. Si bien qu'on dirait que chacun de ses mouvements est effectué dans l'immobilité. Je la regarde longuement, jusqu'au soir, et je m'endors.
La première vit sans se soucier de la seconde et c'est ainsi qu'elle se fait piéger.
La seconde se nourrit de la première et c'est ainsi qu'elle se déplace bien qu'elle paraisse immobile.